FEMMES SAUVAGES
La création est un lieu permis. C’est là que nous laissons aller notre intuition et retrouvons notre essence sauvage, c’est-à-dire notre liberté originelle.
Au fond de nous, il y a un être libre guidé uniquement par son intuition: la femme sauvage. La fille a été élevée, éduquée et raffinée, mais pour vivre pleinement, la femme devra retrouver sa nature profonde. Ici, l’art est le chemin qui mène à soi. Dans cette création sont révélées les traces d’une transhumance de la culture à la liberté, de l’éducation à l’intuition.
« Lorsque les femmes réaffirment leur relation avec la nature sauvage, elles acquièrent une observatrice interne permanente, une visionnaire, une inspiratrice, un être intuitif, une agente, une créatrice, une inventrice et un auditrice qui suggère et inspire une vie vibrante dans les mondes intérieurs et extérieurs… On a peut-être oublié les noms de la Femme Sauvage, mais au fond on la connaît, on a envie de se rapprocher d’elle… On peut l’appeler nature instinctive… En Navajo c’est Na’ashjé’ ii Asdzáá, la femme araignée qui entremêle le destin des humains et des animaux, des plantes et des rochers… Au Tibet, on l’appelle Dakini, la force dansante qui donne la clairvoyance aux femmes… Parfois elle est appelée « celle qui vit au bout du monde ». Et cette créature est toujours un créatrice-sorcière. «
Clarissa Pinkola Estés, « Femmes qui courent avec les loups »
Photos: Aníbal Ptolomeo
Avec le groupe Femmes Sauvages, fruit de la rencontre entre la danse, le piano et les arts visuels multimédias, les coutures sautent, les genres traditionnels débordent. Les trois artistes jouent sur scène pour partager un espace de performance dans lequel les rôles se mélangent. La technologie de capture du son et du mouvement permet aux disciplines de s’entremêler dans une seule langue. La danseuse active avec ses gestes des interventions sonores et visuelles, dialogue musicalement avec le piano et interagit avec les projections vidéo réalisées en direct par la vidéaste, la pianiste, à son tour, les modifie avec ses sons. Les images combinent vidéo et images génératives interactives. L’entrelacement interdisciplinaire est l’expression de la poétique qui jaillit de leur nature profonde.
Le spectacle est un rite contemporain dans lequel Femmes Sauvages manifeste le droit d’exprimer l’intime, l’intuitif, le refoulé. La création est le lieu permis où se libère la masse instinctive et se retrouve le sauvage, ici synonyme de liberté.
L’œuvre élabore des archétypes féminins tels que la mère, la sœur, la sorcière ou l’araignée tisserande du destin dans un ton moderne. Les scènes vont et viennent dans une intrigue faite d’éclairs, de souvenirs, de désirs et de rencontres sensibles. Naviguant dans les arcanes des profondeurs, à la recherche du chemin de la « rivière sous la rivière », elles ont des couleurs silencieuses qui virent au vermillon, des temps suspendus, déformés et des rythmes accélérés jusqu’à en perdre le souffle.
Photos: Aníbal Ptolomeo
Gabriela Baldoni
Artiste interdisciplinaire avec une vaste expérience en art qui commence par ses études de sculpture, dans lesquelles elle développe une connaissance approfondie du sujet et de son interaction avec l’espace et culmine avec l’apprentissage de différentes techniques pour l’utilisation des nouvelles technologies appliquées aux arts. Actuellement, elle se consacre à la création d’œuvres expérimentales qui étudient l’interaction du corps humain avec son environnement spatio-temporel.
En 2013, elle crée le groupe Tekné pour la danse et l’interaction numérique avec la chorégraphe Analía Cannone.
En 2018, elle rejoint le groupe interdisciplinaire de danse, musique et interaction numérique Femmes Sauvages.
Elle présente ses œuvres au Festival international Pixels of Identities, au Musée d’Architecture et de Design, MARQ, au CASo, à la Casa del Bicentenario, au Centre culturel Matta de l’Ambassade du Chili à Buenos Aires et au 10e Festival de danse contemporaine de Buenos Aires, au Centre Culturel San Martín, entre autres.
Julia Mann
Pianiste française résidant à Buenos Aires depuis 2009, Julia Mann se consacre actuellement à la musique contemporaine et au croisement des arts.
Elle a complété sa formation en France (Premier Prix de piano au Conservatoire National Supérieur d’Issy-les-Moulineaux, Piano au Conservatoire Supérieur de Paris, Licence de Musique à la Sorbonne, Master 1 à l’École de Hautes Etudes en Sciences Sociales). À Buenos Aires, elle étudie la direction de théâtre pendant un an à l’IUNA.
Sa carrière de pianiste de chambre débute en France avec l’Ensemble Correspondances. Elle est actuellement programmée dans des cycles et festivals à Buenos Aires, Santa Fe, Santiago du Chili, La Havane. Elle réalise des enregistrements de musique latino-américaine contemporaine avec l’Ensemble Voxes pour le label South Record. Enseignante-chercheuse à l’UNLa depuis 2014, elle est titulaire de la Chaire de musique de chambre du XXème siècle. Elle publie régulièrement ses chroniques musicales sur Infobae.
Femmes Sauvages a été crée dans le cadre d’une résidence artistique promue par l’Alliance Française de Buenos Aires en 2019.